Cela
fait un moment que je pensais à écrire un billet sur des auteurs ou des livres
russes qui ne sont pas énormément connus ici mais qui méritent pourtant de
l’être. Promis, je ne parlerai pas ici de Tolstoï -Dostoïevski, malgré tout mon
respect à leur égard. Non, il s’agit de mon personnel top-5 des œuvres
insolites et en même temps typiques.
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ISBN : 2221002326 |
O On
commence par un œuvre doux et triste - L'Adieu
à l'i͏̈le de Valentin Raspoutine (écrit en 1976, la seule publication
française en 1979).
L’histoire d’un village qui doit être détruit afin de
permettre la construction d’un barrage hydroélectrique. Parmi les habitants un
conflit de générations s’impose : les jeunes sont enthousiastes aux changements,
tandis que les plus âgés refusent d’abandonner leur lieu d’habitation, leur
petite patrie, préférant y mourir.Il
m’arrive très rarement de pleurer sur des livres. Sur celui-ci j’ai pleuré.
O On
passe ensuite à Nous autres de Evgueni
Zamiatine. Si vous l’ignorez, c’est une toute première (et à mon avis, la
meilleure) dystopie, écrite en 1920. Non seulement s’est un roman
incontournable pour les amateurs du genre, mais aussi une histoire tout
simplement passionnante. Il a été publié en France à plusieurs reprises, il est
par ailleurs téléchargeable gratuitement ici : http://www.ebooksgratuits.com/pdf/zamiatine_nous_autres.pdf
Le
monde de Zamiatine, c’est une ville immense entouré d’un mur vert. Là-bas, les
bâtiments aux façades vitrées permettent de surveiller le quotidien de chacun ;
tous les gestes sont strictement réglementés (même pour faire l’amour il y a
des règles spéciales) ; les familles n’existent pas afin de ne pas favoriser
l’attachement (les enfants sont élevés dans les établissements dédiés).
Le
personnage principal est ingénieur qui admire sincèrement le pays totalitaire
où il habite. Sauf qu’un beau jour il croise une femme mystérieuse, et depuis
tout va de travers. Il se perd dans ses sentiments et dans les évènements dont
il a du mal à saisir le sens...
J’ai
relu ce roman plusieurs fois et chaque fois j’ai été captivée...
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ISBN : 2226002537 |
O Qui dit
russe dit alcoolique. C’est une des idées reçues les plus répandues sur ma
nationalité, et on n’y peut rien. Alors je n’ai pas pu éviter cette thématique
dans ma sélection.
Je vous présente donc Moscou-sur-Vodka,
un roman (ou un poème, comme l’auteur l’a intitulé lui-même) de Venedikt
Erofeïev. Écrit à la fin des années 1960, il n’a été publié en URSS qu’en 1987,
pour des raisons de censure (avant il a été édité à Israël (1973) et à Paris
(1977)). Pourtant il n’y a pas de questions politiques là-dedans. C’est plutôt
parce qu’il traite du mode de vie inconvenable pour un citoyen exemplaire.
En
effet, Venetchka, le héros principal, se fait virer du travail à cause de
l’alcool, il passe son temps à inventer des cocktails inimaginable, tout en
parlant en gros mots... Au cours du récit il effectue un voyage en train dans
le but de rejoindre son amoureuse et son fils.
Moscou-sur-Vodka commence comme une farce et
termine comme un drame. Le train avance et la lecture rigolote du début devient
de plus en plus lourde et épaisse, comme un sable mouvant. Elle fait peur. On
ne peut pas s’en sortir indemne.
C’est
un livre qui m’a beaucoup marqué dans ma jeunesse.
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ISBN : 2841901459 |
O Les Douze Chaises de Ilf et Petrov. C’est un roman satirique sur la société soviétique. En même temps c’est un grand roman d'aventure, où Ostap Bender, un délinquant charismatique, essaie de s’approprier des richesses des autres, tout en roulant dans la farine ses concurrents. Non, il n’a rien à voir avec le profil d’Arsène Lupin. C’est vraiment un voyou dont la malhonnêteté créative est un mode de vie. Malgré cela on tombe amoureux de lui sur le champ...
Tout est remarquable dans ce livre - le langage, l'inventivité d’Ostap, certaines faces de la réalité soviétique qu’il utilise en sa faveur ou qu’il affronte...
Or, je pense que pour un lecteur européens ce roman devrait paraître assez exotique...
O Pour
terminer cette sélection j’ai choisi une pièce de théâtre que je trouve
absolument incroyable. C’est La Chasse au
canard d'Alexandre Vampilov, écrite en 1967 (parue en France en 1997).
Une
histoire bouleversante d’un personnage d’une vie anodine au premier coup d'œil
mais qui sombre dans le désespoir. Cette pièce nous fait voir le monde dans son
effrayante absurdité, comme un trou noir sans issue, sans solution, sans
espoir. Ça fait penser à La Nausée de Sartre ou aux Rhinocéros de Ionesco. Je vous décris
cette pièce et j’ai envie de la relire moi-même)
Vous
pouvez trouver un résumé de La Chasse au
canard via ce lien :
http://www.maisonantoinevitez.com/fr/bibliotheque/la-chasse-aux-canards-607.html
ou probablement commander un recueil la contenant sur le site de Actes Sud (je
ne suis pas certaine car, vu la date de la publication, le livre risque d’être
périmé ; mais il a été édité donc il devrait rester quelque part ; ça vaut le
coup de le chercher).
Voilà tout ce que j’avais à vous dire sur mes
livres russes préférés. J’espère de vous avoir donné l’envie d’en découvrir quelques-uns.