vendredi 5 août 2016

Rien qu’une femme

Un jeune garçon, le fils unique d’une propriétaire d’un hôtel provincial, tombe amoureux d’une de leurs femmes de chambre. Elle répond à ses sentiments et lui offre les premiers plaisirs sensuels… Là, j’ai pensé : mmm, une histoire d’un premier amour, super ! Mais cette impression n’a pas persisté.
Car en fait il n’y a même pas une trace d’amour : chacun a ses intérêts dans cette relation. Le héros principal s’autoanalyse et essaie de comprendre sa maîtresse, qu’il n’est d’ailleurs pas le seul à fréquenter. Cette relation devient une source des humeurs dans la petite ville où tout le monde connaît tout le monde, ce qui aggrave encore la situation.
Je me suis lassée vite de ce bouquin, et, si court qu’il soit, j’ai eu du mal à le finir. Tu lis une page - elle n’apporte rien de neuf à l’histoire, tu en lis une autre - toujours rien, et ainsi de suite. Je crois que ce n’est pas le genre des livres fait pour moi.   

Titre : Rien qu’une femme
Auteur : Francis Carco
Éditeur : Librio
Parution : 06/1995
Pages : 96

mercredi 3 août 2016

Ma petite sélection de livres russes

Cela fait un moment que je pensais à écrire un billet sur des auteurs ou des livres russes qui ne sont pas énormément connus ici mais qui méritent pourtant de l’être. Promis, je ne parlerai pas ici de Tolstoï -Dostoïevski, malgré tout mon respect à leur égard. Non, il s’agit de mon personnel top-5 des œuvres insolites et en même temps typiques.

ISBN : 2221002326
O  On commence par un œuvre doux et triste - L'Adieu à l'i͏̈le de Valentin Raspoutine (écrit en 1976, la seule publication française en 1979).
L’histoire d’un village qui doit être détruit afin de permettre la construction d’un barrage hydroélectrique. Parmi les habitants un conflit de générations s’impose : les jeunes sont enthousiastes aux changements, tandis que les plus âgés refusent d’abandonner leur lieu d’habitation, leur petite patrie, préférant y mourir.Il m’arrive très rarement de pleurer sur des livres. Sur celui-ci j’ai pleuré.

O  On passe ensuite à Nous autres de Evgueni Zamiatine. Si vous l’ignorez, c’est une toute première (et à mon avis, la meilleure) dystopie, écrite en 1920. Non seulement s’est un roman incontournable pour les amateurs du genre, mais aussi une histoire tout simplement passionnante. Il a été publié en France à plusieurs reprises, il est par ailleurs téléchargeable gratuitement ici :  http://www.ebooksgratuits.com/pdf/zamiatine_nous_autres.pdf
Le monde de Zamiatine, c’est une ville immense entouré d’un mur vert. Là-bas, les bâtiments aux façades vitrées permettent de surveiller le quotidien de chacun ; tous les gestes sont strictement réglementés (même pour faire l’amour il y a des règles spéciales) ; les familles n’existent pas afin de ne pas favoriser l’attachement (les enfants sont élevés dans les établissements dédiés).
Le personnage principal est ingénieur qui admire sincèrement le pays totalitaire où il habite. Sauf qu’un beau jour il croise une femme mystérieuse, et depuis tout va de travers. Il se perd dans ses sentiments et dans les évènements dont il a du mal à saisir le sens...
J’ai relu ce roman plusieurs fois et chaque fois j’ai été captivée...

ISBN : 2226002537
O  Qui dit russe dit alcoolique. C’est une des idées reçues les plus répandues sur ma nationalité, et on n’y peut rien. Alors je n’ai pas pu éviter cette thématique dans ma sélection.
Je vous présente donc Moscou-sur-Vodka, un roman (ou un poème, comme l’auteur l’a intitulé lui-même) de Venedikt Erofeïev. Écrit à la fin des années 1960, il n’a été publié en URSS qu’en 1987, pour des raisons de censure (avant il a été édité à Israël (1973) et à Paris (1977)). Pourtant il n’y a pas de questions politiques là-dedans. C’est plutôt parce qu’il traite du mode de vie inconvenable pour un citoyen exemplaire.
En effet, Venetchka, le héros principal, se fait virer du travail à cause de l’alcool, il passe son temps à inventer des cocktails inimaginable, tout en parlant en gros mots... Au cours du récit il effectue un voyage en train dans le but de rejoindre son amoureuse et son fils.
Moscou-sur-Vodka commence comme une farce et termine comme un drame. Le train avance et la lecture rigolote du début devient de plus en plus lourde et épaisse, comme un sable mouvant. Elle fait peur. On ne peut pas s’en sortir indemne.
C’est un livre qui m’a beaucoup marqué dans ma jeunesse.


ISBN : 2841901459
O  Les Douze Chaises de Ilf et Petrov. C’est un roman satirique sur la société soviétique. En même temps c’est un grand roman d'aventure, où Ostap Bender, un délinquant charismatique, essaie de s’approprier des richesses des autres, tout en roulant dans la farine ses concurrents. Non, il n’a rien à voir avec le profil d’Arsène Lupin. C’est vraiment un voyou dont la malhonnêteté créative est un mode de vie. Malgré cela on tombe amoureux de lui sur le champ... 
Tout est remarquable dans ce livre - le langage, l'inventivité d’Ostap, certaines faces de la réalité soviétique qu’il utilise en sa faveur ou qu’il affronte... 
Or, je pense que pour un lecteur européens ce roman devrait paraître assez exotique...

O  Pour terminer cette sélection j’ai choisi une pièce de théâtre que je trouve absolument incroyable. C’est La Chasse au canard d'Alexandre Vampilov, écrite en 1967 (parue en France en 1997). 
Une histoire bouleversante d’un personnage d’une vie anodine au premier coup d'œil mais qui sombre dans le désespoir. Cette pièce nous fait voir le monde dans son effrayante absurdité, comme un trou noir sans issue, sans solution, sans espoir.  Ça fait penser à La Nausée de Sartre ou aux Rhinocéros de Ionesco. Je vous décris cette pièce et j’ai envie de la relire moi-même)
Vous pouvez trouver un résumé de La Chasse au canard via ce lien :
http://www.maisonantoinevitez.com/fr/bibliotheque/la-chasse-aux-canards-607.html 
ou probablement commander un recueil la contenant sur le site de Actes Sud (je ne suis pas certaine car, vu la date de la publication, le livre risque d’être périmé ; mais il a été édité donc il devrait rester quelque part ; ça vaut le coup de le chercher).

Voilà tout ce que j’avais à vous dire sur mes livres russes préférés. J’espère de vous avoir donné l’envie d’en découvrir quelques-uns.

lundi 25 juillet 2016

Vox

C'est est une conversation téléphonique d’un homme et d'une femme qui ne se connaissent pas mais qui se sont contactés grâce à un service de sexe au téléphone. Ils parlent de sexe, bien sûr, mais aussi de leurs vies, de leurs goûts, de leurs habitudes, ils s’inventent des histoires coquines etc.

Sous la couverture vieillotte (j’avais une publication de 1993 sous la main, après quoi le roman a été réédité plusieurs fois avec des couvertures beaucoup plus attirantes) se cache un roman sensuel (bien qu’assez discret) et même intellectuel. Mais il m’a terriblement manqué du sujet, de la structure. Ce n’est qu’un bavardage libertin de tout et de rien. À la fin j’ai eu envie de demander : d’accord, ils ont parlé, c’était pas mal, et alors ?

Titre : Vox
Auteur : Nicholson Baker
Éditeur : Julliard
Parution : 03/1993
Pages : 186

mercredi 20 juillet 2016

En attendant Bojangles

Une belle histoire sur un amour fou.
Ils étaient trois : la mère joyeuse et extravagante, avec certains problèmes mentaux, le père le plus aimant et attentionné qu’on puisse imaginer et le fils d’une dizaine d’années. Leur vie ressemblait à une fête éternelle ou à un conte de fées : un incroyable château sur le sud espagnol, un oiseau exotique apporté de l'Afrique en guise d’animal de compagnie, des cocktails alcoolisés à volonté et à toute heure, mais surtout la danse. Car tous les jours le couple se donnait à une danse passionnée sous “Mr. Bojangles” de Nina Simone. Dans cette danse ils mettaient toute leur joie de vivre. Mais ce bonheur insolite s’est révélé fragile, parce que l'état de la mère se dégradait peu à peu, d’abord de manière à peine perceptible, puis en devenant de plus en plus inquiétant. Alors la famille relève un défi : ils vont faire durer leurs instants de joie le plus longtemps possible.

Écrit à la première personne par le petit garçon, pour lequel c’est la seule façon de vivre qu’il connaît, ce roman est énormément touchant. Personnellement, j’aime beaucoup les ouvrages pour adultes, où l’histoire se raconte par un enfant témoin des événements. Je trouve très émouvant le fait que le narrateur n’a pas la même vision des choses que le lecteur, qu’il interprète certains trucs d’adultes à sa manière sans les comprendre vraiment... Bref, c’est un ouvrage très prenant. Je ne l’ai pas seulement lu, je l’ai vécu.

Le seule défaut, c’est la prévisibilité qui m’a ennuyée un peu, surtout vers la fin.    


Titre : En attendant Bojangles
Auteur : Olivier Bourdeaut
Éditeur : Finitude
Parution : 01/2016
Pages : 160


jeudi 14 juillet 2016

Comme un frère

Lors d’une incendie dévastatrice Nathan, un garçon de 15 ans, sauve ses deux frères, un tout petit Joachim et Justin, simple d’esprit qui, apparemment, avait provoqué cette catastrophe emportant la vie de leurs parents. Des années plus tard Nathan, devenu un colosse musclé au tempérament colérique, est toujours très attaché à Joachim. Ensemble ils élèvent et dressent les chevaux, leur passion et leur gagne-pain. Ensemble ils font les escapades en ville, ensemble ils dorment : chaque nuits, après avoir fait l’amour à sa femme, Nathan quitte le lit conjugal pour rejoindre son frère dans leur chambre commune. Les deux frères s’aiment d’un amour si tendre mais si ardent, qu’un jour ça risque de tourner au drame…

C’est un court roman écrit dans les meilleures traditions du romantisme : un personnage exceptionnel, haut en couleur, les sentiments forts, l’ambiance avec une note d’exotisme et un énigme lancé aux lecteurs tout au début du récit.

Franchement, moi, j’ai aimé. Je ne dirais pas que ça m’a marqué profondément, mais j’ai aimé. Je l’ai dévoré en moins de deux jours, et c’était une lecture prenante, distrayante. Parfait pour se changer les idées ou se faire rêver d’une vie hors du commun. Je crois bien que je lirai d'autres romans de Françoise Bourdin avec plaisir.

Titre : Comme un frère
Auteur : Françoise Bourdin
Éditeur : Belfond
Parution : 06/2011
Pages : 160

lundi 11 juillet 2016

Notre Château

La quatrième de couverture compare ce roman avec le Shining de Kubrick et The auters d’Amenabar. Inutile de dire que je m’attendais à une ambiance du mystère et à la peur glaciale. Mais non. Juste un récit de plus sur un enfant traumatisé devenu un adulte bizarre, capable de protéger, même par un crime, le monde néfaste qu’il s’était créé.

Il s’agit d’ Octave, un homme de 35 ans qui habite avec sa soeur dans une grande maison de campagne, qu’ils ont baptisée Notre Château. Et pendant les 20 dernières années il n’en sort qu’une fois par semaine pour acheter des livre en ville. Sa soeur, elle, ne sort jamais. Sauf que, un de ces jours de la sortie, Octave l’aperçoit dans un bus… Après cet incident leur petit monde bascule.

La couverture délavée a toutes les chances de passer inaperçue. La mise en page ne m’a pas plu non plus : au lieux des marges si importantes il fallait peut-être mieux agrandir la police de caractères…

Le langage, où chaque phrase se répète plusieurs fois est censé créer l’atmosphère de la vie intérieure au Château, où tous les jours se ressemblent, et en même temps il laisse entrevoir le caractère psychopathe du personnage. C’est bien, oui, mais on s’en lasse vite. Heureusement que ce livre soit court.  

Titre : Notre Château
Auteur : Emmanuel Régniez
Éditeur : Le Tripode
Parution : hiver 2015
Pages : 141 + cahier de photos


vendredi 8 juillet 2016

Millions

Deux frères mènent une vie tranquille, avec leur père, dans une maison au bord d’un chemin de fer. Les gosses sont très différents. L'aîné a un fort esprit pratique, tandis que le cadet ne rêve qu’aux saints bibliques et veut en devenir un. Un beau jour ils se retrouvent, grâce à un heureux hasard, en possession d’une grosse somme d’argent. Pourtant ils n’ont que quelques jours pour le dépenser - avant que le pays ne passe à la nouvelle monnaie. Bientôt l’argent dévient pour eux un véritable fardeau, de plus en plus lourd à porter…

Qu’est-ce que j’ai apprécié dans ce roman pour les jeunes ? L’intérêt du sujet ? Oui, sûrement, en plus ça explique bien la nature de l’argent. Le suspense ? Pour les enfants d'âge visé - oui, je crois. L’humour ? Oui, sans doute.

Le seul point négatif que j’ai noté, c’est le personnage principal irréprochable, tellement bon et naïf, qu’il n’est pas trop crédible. Mais l’humour atténue cette perfection excessive.

Titre : Millions
Auteur : Frank Cottrell Boyce
Éditeur : Gallimard jeunesse
Parution : 02/2015
Pages : 225